Comme la poésie, l’architecture suggère sans imposer. Elle fait ricocher les lieux sur les plans confondus de notre mémoire et de nos sens. Elle ouvre des possibles. Elle est à la fois matérialiste et idéaliste.
Qu’elle ancre ou bouscule des usages sociaux, qu’elle réponde à la lettre aux impératifs ou les interprète, c’est un art contraint. Mais l’absence de causalité directe entre la contrainte et la forme restitue à l’architecte la liberté d’interpréter une commande et d’agir sur les modes de vie. Par quels scénarios spatiaux ? Quels choix constructifs et financiers ? Au prix de quel pari ou de quel arrangement éventuel avec telle donnée concrète ?
Chaque architecture développe une stratégie de réponses à un ensemble de données complexes, parfois contradictoires, tout en donnant corps à des espaces qui interpellent nos comportements.
L’objectif de ce cours est de proposer des clefs de lecture permettant de dépasser les jugements a priori, afin d’accéder pour chaque bâtiment à un niveau d’analyse qui associe au moins trois critères distincts :
- La résolution ou le dépassement des contraintes matérielles attachées à sa construction ;
- Les pratiques sociales reflétées ou encouragées par les dispositifs spatiaux choisis ;
- Les messages sensoriels émis, l’offre d’espace et son aptitude à accompagner ou conditionner des actes.
Chacun de ces thèmes sera étudié en s’appuyant sur l’étude de bâtiments « prototypes » ayant infléchi leur approche.
L’ensemble des bâtiments étudiés, principalement choisis aux XXe et XXIe siècles, donnera un fil de compréhension a-chronologique sur les grands bouleversements qui ont agité l’architecture depuis un siècle, et leur ancrage dans une histoire plus large.
Enseignante : Marion Lacas